mercredi 24 juillet 2013

Le retour

Aussi irréel que le départ, il s’impose à vous d’abord en pensée, puis aussi concrètement qu’un songe. On a beau se dire que c’est notre dernière nuit, que demain nous serons aux antipodes, qu’une page se tourne définitivement, il faut le vivre pour y croire. A chaque fois. Les êtres aimés pressentent sans doute mieux l’absence à venir. Ce sont eux qui veillent à ce que vos derniers moments soient inoubliables. Eux qui vous accompagnent à l’aéroport. Eux qui vous font réaliser peu à peu que c’est la fin. Mais ce sont eux aussi qui malgré tout arrivent à vous faire sourire et vous donnent l’espoir de futures retrouvailles, em qualquer lugar do mundo.
A l’enregistrement déjà, on se sent plus seule. L’équipe de basket de l’état, les familles, les couples et les groupes d’amis qui partent en voyage, nous rappellent que l’on prend l’avion pour un retour. Heureusement que l’on a des surprises dans ces moments : on peut retrouver un ami de manière inattendue par exemple. Alors même si cet ami a la phobie de l’avion et qu’il ne vous permettra pas de vous reposer une seule seconde, n’est-ce pas mieux que de se retrouver face à soi, ses pensées et ce qui s’est déjà transformé en souvenirs ? 

Et puis l’arrivée est amortie par l’attente des proches également. L’important est de ne pas être seule trop longtemps. Pas tout de suite.
Il y a les vacances, l’été à Paris, les amis en visite, la famille retrouvée, une vieille familiarité, la nostalgie d’avant, les plans pour le futur. Mais il y a aussi la correspondance fébrile avec les êtres aimés qui sont restés en arrière. La peur panique que l’on nous oublie bien trop vite, que le sentiment que tout n’était qu’un rêve, une parenthèse enchantée, soit bien réel.
C’est dur de réaliser que l’on ne retournera plus à la PUC. Que l’on ne pourra plus projeter un Choro au Cidão. Que c’est la fin des churrascos à Tatuapé. Que l’on n’ira plus danser la samba au Pau Brasil. Que l’on ne pourra plus projeter de week-ends à Ubatuba. Que l’on ne pourra plus philosopher aux terrasses des bars de la rua Augusta. Que la feira de la Praça Benedito Calixto n’est plus qu’un souvenir. Alors on réalise tout ce que l’on n’a pas eu le temps de faire. Toutes ces personnes extraordinaires que l’on n’a pas pu côtoyer autant que souhaité. Et l’on commence à avoir des regrets.

Mais en regardant les photos, en se rappelant deux ou trois souvenirs tout à fait formidables, en feuilletant les carnets de voyages que l’on a tenus sporadiquement, les regrets s’allègent. Il reste tout de même de jolies histoires, un disque dur plein de musiques, quelques photos, un petit nombre d'amis, et des expressions d’argo (d’ailleurs, não me lembro de pora nenhuma desse bagulho !)

A la revoyure, donc!

lundi 8 juillet 2013

Le futur prend le pas sur le présent

Le futur s'adoucit et prend le pas parfois sur le présent. L'appréhension des au-revoir me fait parfois l'impression d'avoir envie d'en finir plus vite.
Je commence à regarder avec plaisir les billets de TGV pour la Bretagne. L'Anse Vata parait à portée de main ainsi que mon joli home sweet home où j'ai le plaisir de réaménager pour un mois et demi. Il est question d'un voyage en Écosse en septembre,  et de revoir toutes les personnes qui habitent encore sur Paname. Je prépare déjà la déco du mur qui me sera réservé dans ma future chambre universitaire. Je fais des listes de tout ce que je veux faire cet été. Ce sont des listes de retrouvailles, on y trouve peu de choses innovantes. Parce que c'est cela que je cherche dans ce départ: je cherche un retour.

Je veux retrouver de bonnes vieilles habitudes: regarder la télé jusque tard avec Mamie, retrouver le "Golden Age"  de l'adolescence avec mes cousins, sillonner à nouveau les rues de Paris toujours aussi étonnée par tant de beautés, trainer dans les boutiques MK2 avant d'assister à un film, revoir tous les copains, planifier les vacances familiales, courir le long de la promenade Pierre Vernier, refaire un peu de planche à voile, reprendre la guitare, piller la bibliothèque de mes parents, prendre une tisane jusqu' à pas d'heure en discutant de la journée, se projeter dans mon futur environnement so british.

Mais pour l'instant je suis encore bien ici, et il faut en profiter!!!

Les transformations corporelles

Je ne parle pas seulement des kilos que l'on prend et que l'on perd à en faire tourner la tête de sa balance. Ni d'une peau plus bronzée, plus blanche, plus sèche, plus boutonneuse (que ce soit un revival de vos années noires ou des insectes vicieux!). Encore moins des cheveux qui en climat humide se déchainent, s'électrisent en climat sec et ont tendance à être tous plats et tous mous en climat froid. Bien que tous ces changements soient réels, ils ne dépendent malheureusement pas toujours de notre volonté, il faut s'y faire, apprendre à vivre avec.

Je pensais plutôt aux changements que nous nous infligeons. Voyager ouvre à des perspectives différentes, y compris en termes de canons de beauté. Je reviendrais avec deux tatouages en plus, un piercing au nez et des envies de cheveux de sirène, pour faire tout comme les brésiliennes! Parce ce que ça m'a plu, parce que ça m'a changé, parce que j'ai évolué. Je ne crois pas que ces changements de goûts soient éphémères au point de disparaitre à mon retour en Europe. Ces tatouages ont une signification pour moi, ils ont tous deux été faits à des moments importants de ma vie, en présence de personnes chéries. Ils deviennent ce que je suis et je deviens ce qu'ils représentent.

Non, ce n'est pas niais. J'y crois profondément et vous aurez le droit de vous moquer si je me retrouve sous un laser douloureux pour inverser le processus dans 10 ou 20 ans. Pareil si je meurs de honte à la rentrée avec mon anneau au nez. Mais ces changements ne sont pas un simple coup de tête, ce sont la marque de changements plus profonds.

Bonjour, je m'appelle Oona, et je suis une personne qui se transforme ... mais pas trop!

mardi 11 juin 2013

Les derniers moments sont les meilleurs

Eh oui, une fois de plus la règle se vérifie implacablement! Est-ce une manière de doper les ventes de chocolat que l'on mange en pleurant dans l'avion de retour? Ou est-ce que notre inconscient se fait moins exigeant et plus ouvert à mesure que le départ se rapproche?

Les amitiés se font plus intimes, le guide sur lequel on cochait joyeusement tous les voyages déjà faits semble doubler de volume, l'offre d'évènements culturels redouble et commence à proposer des dates où l'on ne sera déjà plus là, São Paulo se renouvelle et révèle des facettes cachées, tandis que celles que l'on aimaient déjà nous collent à la peau, et puis la fin des cours annonce les préparatifs de voyages... et non pas de retours!

Je n'ai même plus envie de voyager en réalité.
Je veux rester ici, aller dans les bars à sambas le week-end, aux chorrinhos le lundi et le mercredi, profiter de la super programmation du cinesesc, faire la Feira de la Praça Benedito Calixto en voulant tout acheter (mais je résiste!), me gaver d'açai à la PUC, lire mes textes dans le Patio de la Cruz, m'exposer aux derniers rayons du soleil au quinto andar do Prédio Novo, pester contre l'air conditionné de la bibli, retourner une énième fois au musée Afro-Brasileiro pour finir par faire la sieste dans le Parque d'Ibirapuera, aller manger des sushis à Liberdade, boire des bières Rua Augusta, aller au théâtre à la Praça Roosvelt, manger végétarien Rua Cardoso, prévoir des churrascos chez les copains qui ont de beaux appartements, rêver d'un week-end à la plage à Ubatuba ou à Ilhabela, faire un brunch au Pão de Ló avant de faire un tour sur la Paulista, boire un café à la Casa das Rosas avant d'aller voire un film à la Reserva Cultural, chercher des nouvelles plumes ou autres bijoux ethniques à la Praça da Republica, s'indigner devant les prix des bouquins de poches français à la Livraria Cultura avant de prendre un classique brésilien pour se poser dans un des poufs, regarder avec mépris les jolies boutiques Rua Ocar Freire (en pensant tout bas que quand je serais grande je rentrerais dedans), faire pour la millième fois la ballade du minhocão, choisir une des maisonnettes que j'achèterais quand je serais riche à Vila Madalena, s'émerveiller de la programmation culturelle de la taille d'un dictionnaire pour le mois à venir...

Je vais regretter Sampa, je vais regretter mes nouveaux amis (pas trop si je les garde, mais rien n'est garanti!), mais je sais qu'en relisant cet article dans six mois, j'aurais probablement entamé une liste similaire pour Londres!




Recife-Olinda

Elles s'opposent déjà par leurs prénoms: Olinda, la jolie, la belle, la tranquille, la touristique, la traditionnelle. Recife, l'énorme, la monstrueuse, la dangereuse, la moderne, la moche.
Elles s'opposent géographiquement aussi; elles se font face, se toisent, et se méprisent.

Mais elles communiquent. Sont interdépendantes, indispensables l'une à l'autre. Car chacune d'elle ré-hausse les qualités de l'autre. L'apparente laideur de Recife contraste et amplifie la beauté d'Olinda. La vue que celle-ci offre sur Recife adoucit la perception que l'on peut en avoir, tout en rappelant la jungle urbaine qu'elle représente. La tranquillité d'Olinda au contraire, nous fait apprécier l'effervescence culturelle - et en particulier musicale - de sa voisine, capitale d’État concentrant les courants traditionnels innombrables de la région!

Une fois de plus Couchsurfing nous a gâtées : nous sommes tombés dans une famille d’artistes exceptionnels, dont les noms mettent déjà en confiance : Angelo, Camilla, Iramarahi, Felipe, Raísse, et Igor. Que ce soir les cours de capoeira, les visites guidées, les débats animés le soir autour d’un bon repas, les connaissances musicales, les sorties, ils nous ont tout donnés et j’espère les rencontrer de nouveau un jour.

Si l'éloge d'Olinda n'est plus à faire - à tel point d'ailleurs que l'on n'est pas tellement surpris par la beauté des lieux, dans le sens où "l'on s'y attend" - Recife m'a surprise!
Je ne l'ai pas trouvé moche, mais contrastée; je ne l'ai pas trouvée dangereuse mais bordélique; je ne l'ai pas trouvée si moderne, mais historique. Évidemment que je n'y vis pas et je me doute que la vie ne doit pas toujours y être très douce; mais la ville regorge d'intérêts!

Que ce soit le Recife Antigo grouillant de petites échoppes de tout et de rien - ou les quartiers plus récents comme Boa Vista, surnommé le "Miami du Brésil", il y en a pour tous les goûts. Et puis il y a la mer, ...

A cela s'ajoute l'attrait de la région dans son ensemble: le Pernambuco est traversé de multiples courants culturels: africains, hollandais, antropofagistes, immigrés variés, indiens, etc. Le tout donne un carnaval traditionnel et varié, que j'espère avoir l'occasion de découvrir - si ce n'est pas l'année qui vient, l'année d'après!!

Recife, je reviendrais!

Rentrée - Retours - Visite

Drôle de rentrée que celle d'un deuxième semestre, qui est en fait un premier semestre, dans une université que l'on commence tout juste à aimer et à s'approprier.

On dit toujours que le deuxième semestre est bien meilleur que le premier. Ça doit être vrai: je suis plus familière de la langue et du fonctionnement académique, j'ai déjà quelques amis, je connais les lieux, j'ai un appartement, je sais où je vais et ce que je fais l'année à venir et j'aime déjà la ville. Il n'empêche qu'il s'agit d'une rentrée et que par conséquent c'est générateur d'appréhensions et d'attentes pas toujours formulées.
C'est vrai qu'une partie des gens qui composaient le paysage de la PUC sont déjà partis. C'est la prise de conscience que l'on n'était pas aussi intégré qu'on le pensait, ce qui nous ferait presque regretter notre comportement au semestre passé.
Mais heureusement il y a toujours des personnes pour nous sortir de ces insécurités passagères. C'est par ces personnes que l'on rentre de nouveau dans le circuit, que l'on prend conscience de ce que l'on a déjà et que du coup c'est tellement plus facile de faire de nouvelles conquêtes.

La rentrée, la deuxième est à la fois bien plus facile que la première mais aussi bien plus difficile. Parce qu'on sait que c'est la dernière, que nos jours ici sont comptés et que le compte à rebours est déjà enclenché. C'est les listes de tout ce que l'on veut encore faire et qu'on aura pas le temps de faire, c'est le début de quelque chose qui est pas tout à fait différent mais loin d'être pareil, et c'est plein de nouvelles découvertes que l'on regrette de ne pas avoir fait le semestre passé.

Et puis il y a les visites qui nous aident à cocher nos listes de voyages et qui nous aident à relativiser cette fameuse rentrée!

lundi 13 mai 2013

Carnaval

Le carnaval. C'est tout de même la première image que l'on a du Brésil, non? Les plumes, les couleurs, les jolies femmes dénudées, la musique, les chars, la folie d'une foule en délire, ce qui signifie globalement l'arrêt total d'un pays pendant 7 jours. Parait-il qu'au début du siècle c'était 3 jours. Mais le succès de la fête grandissant...

Alors on l'a préparé un petit peu ce carnaval. Il y a toujours plusieurs paramètres à prendre en compte: la réputation, la taille, la musique, et le coût!
Après un rapide sondage de l'entourage, on s'est dit que Rio c'était trop cliché (et trop cher!), que Recife c'était trop dangereux, que le Minas Gerais serait trop traditionnel (on voulait quand même faire la fête!) et que du coup il restait Salvador!
Et puis Salvador c'est Bahia de tous les saints et de presque tous les péchés, c'est Jorge Amado, c'est Capitaine des Sable, c'est le Pelourinho, c'est les influences africaines et c'est le carnaval!!

Ni une, ni deux, tout est préparé: après un petit tour par Brasília (15h de bus), nous voilà à Salvador (après 30 HEURES DE BUUUUUS!)
On arrive la veille mais c'est comme si on y était déjà. La ville se prépare pour un débarquement parait-il: tout est cadenassé, il y a des panneaux en bois devant tous les bâtiments historiques et toutes les vitrines de verre, tout est fermé, il y a du monde dans les rues, encore plus de couleurs que d'habitude et de la musique, de la musique partout, de la musique en live, de la radio, des téléphones portables, a capella, batucadas, grosses stéréos, etc. Et ce n'est pas n'importe quelle musique: c'est du axé, avec de grosses influences africaines, mais re-masteurisé par un siècle de Brésil!

On découvre nos hôtes, rencontrés sur Couchsurfing à la dernière minute, mais fiers de nous montrer leur incroyable résidence universitaire avec vue sur la mer! Internationaux et brésiliens mélangés, nous voilà lancés dans l'extravagance de cette fête hors normes. Et mine de rien, en 7 jours, une petite routine s'insinue doucement dans le petit groupe. Réveil raisonnablement tôt, découverte de la ville légendaire,  petite baignade à la plage, préparation des déguisements, dîner, sortie, et c'est reparti le lendemain! On se découvre des ressources d'énergies insoupçonnés, tous surpris pas notre endurance face à l'absence de sommeil. Mais c'est peut-être ça la magie du carnaval.

Les couples se font, se défont, se refont, se changent, se transforment, et restent parfois ensemble. Je serais incapable de nier l'érotisme exalté par le carnaval. Tout ce qu'on dit est vrai: l'extase des sens passe par la sexualité aussi; qui, libérée d'un seul coup pour tout le monde, donne à certaines heures de la nuit, des airs d'orgie à certains cortèges.

Mais comme à la fin d'une longue transe, le carnaval se termine, au grand regret de certains, au grand soulagement d'autres. Il laisse le pays exténué, ravi, lascif, et déjà prêt pour préparer la fête de l'année à venir.

Rendez-vous en 2014?