Aussi irréel que le
départ, il s’impose à vous d’abord en pensée, puis aussi concrètement qu’un
songe. On a beau se dire que c’est notre dernière nuit, que demain nous serons
aux antipodes, qu’une page se tourne définitivement, il faut le vivre pour y croire.
A chaque fois. Les êtres aimés pressentent sans doute mieux l’absence à venir.
Ce sont eux qui veillent à ce que vos derniers moments soient inoubliables. Eux
qui vous accompagnent à l’aéroport. Eux qui vous font réaliser peu à peu que
c’est la fin. Mais ce sont eux aussi qui malgré tout arrivent à vous faire
sourire et vous donnent l’espoir de futures retrouvailles, em qualquer lugar do mundo.
A l’enregistrement déjà,
on se sent plus seule. L’équipe de basket de l’état, les familles, les couples
et les groupes d’amis qui partent en voyage, nous rappellent que l’on prend l’avion
pour un retour. Heureusement que l’on a des surprises dans ces moments : on peut retrouver un ami de manière inattendue par exemple. Alors
même si cet ami a la phobie de l’avion et qu’il ne vous permettra pas de vous
reposer une seule seconde, n’est-ce pas mieux que de se retrouver face à soi,
ses pensées et ce qui s’est déjà transformé en souvenirs ?
Et puis l’arrivée est
amortie par l’attente des proches également. L’important est de ne pas être seule
trop longtemps. Pas tout de suite.
Il y a les vacances,
l’été à Paris, les amis en visite, la famille retrouvée, une vieille
familiarité, la nostalgie d’avant, les plans pour le futur. Mais il y a aussi
la correspondance fébrile avec les êtres aimés qui sont restés en arrière. La
peur panique que l’on nous oublie bien trop vite, que le sentiment que tout
n’était qu’un rêve, une parenthèse enchantée, soit bien réel.
C’est dur de réaliser que
l’on ne retournera plus à la PUC. Que l’on ne pourra plus projeter un Choro au Cidão. Que c’est la fin des churrascos à Tatuapé. Que l’on n’ira
plus danser la samba au Pau Brasil.
Que l’on ne pourra plus projeter de week-ends à Ubatuba. Que l’on ne pourra
plus philosopher aux terrasses des bars de la rua Augusta. Que la feira de la Praça Benedito Calixto n’est plus qu’un souvenir. Alors on réalise
tout ce que l’on n’a pas eu le temps de faire. Toutes ces personnes
extraordinaires que l’on n’a pas pu côtoyer autant que souhaité. Et l’on
commence à avoir des regrets.
Mais en regardant les
photos, en se rappelant deux ou trois souvenirs tout à fait formidables, en
feuilletant les carnets de voyages que l’on a tenus sporadiquement, les regrets
s’allègent. Il reste tout de même de jolies histoires, un disque dur plein de
musiques, quelques photos, un petit nombre d'amis, et des expressions d’argo (d’ailleurs, não me lembro de pora nenhuma desse bagulho !)
A la revoyure, donc!